Le point de départ
Comment vous êtes-vous lancé dans ce métier ?
Tout a commencé lors de mon premier voyage en Inde en 2018.
J'y ai découvert les diverses places de marchés aux cabochons et c'était très impressionnant. Là-bas, ils stockent leurs pierres dans des énormes sacs, et tu peux être amené à voir des sacs de 20 KG d'une seule variété de cabochons étalée sur une table pour choisir uniquement les plus beaux. En voyant tout ça, j'ai jeté un œil sur ce qu'il était possible de trouver en France et je me suis vite rendu compte que ce marché était encore très fermé.
Pour être honnête, je préfère dire que je me suis lancé deux fois dans ce métier.
La première fois en tant qu'Importateur. À mon retour d'Inde, j'avais accès à un choix immense et varié de cabochons grâce à divers liens tissés avec des petits ateliers, c'était mon gros point fort. Sans se déplacer dans le pays, il est difficile d'avoir accès aux bonnes choses du marché.
La seconde fois, c'est lorsque je me suis lancé pour apprendre le métier de Lapidaire, étroitement lié. Je me suis lancé dans la taille de pierre pour proposer des pierres encore plus atypiques, impossibles à trouver en Inde, et également pour retailler ce que je ne jugeais pas assez qualitatif.
Où achetez-vous vos pierres ? Quel est le pourcentage que vous taillez vous même?
Pour les cabochons déjà travaillés, pour le moment en Inde, car ils sont très accessibles pour démarrer une activité de création, mais mon objectif final serait de tailler en grande majorité ici, en France.
J'ai récemment développé un partenariat avec un atelier basé au Pakistan pour toutes les pierres venant de ce coin du monde, ils sont très doués et proposent des pierres de plus haute qualité.
Pour les matières brutes, j'essaie de me rapprocher directement des pays concernés. Je suis un grand fan des diverses pierres venant des USA.
Le pourcentage de cabochons que je taille moi-même est, à ce jour, estimé à 40 %. Le processus de taille prend du temps, surtout couplé au reste de l'activité.
J'aspire à augmenter ce pourcentage et à proposer uniquement de la très haute qualité.
Quelles sont les choses importantes pour tailler un cabochon de haute qualité?
Le pattern utilisé sur la roche brute, c'est le point de départ. Après une analyse du brut, je sélectionne les plus beaux endroits et les plus beaux motifs pour créer la pièce la plus unique possible.
Durant le processus de taille, le second point est la proportion des angles et l'uniformité générale de la pièce. Prenons l'exemple d'une forme de goutte, si la ceinture de votre avant est réglée à hauteur précise, l'arrière devra être de la même hauteur. Il en va de même pour le dôme, il est doit être de même hauteur et uniforme. C'est très important, une pierre mal proportionnée donnera du fil à retordre à la personne qui montera cette pierre en bijoux.
La finesse du polissage et les finitions pourraient conclure cette question. Si la pierre brute le permet, la surface du cabochon doit être entièrement lisse sans aucune rayure, et avec un polissage poussé à son maximum.
Comment avez-vous appris à tailler ? Où voyez-vous votre entreprise dans quelques années ?
Tout s'est passé sur les forums américains, ils m'ont tout appris.
Il y en a quelques-uns qui sont une mine d'or, vous pouvez trouver des informations sur les machines, les outils, les techniques, des vidéos explicatives, et vous pouvez même poser vos questions. J'y ai passé des journées entières.
Pour apprendre à tailler, il faut surtout avoir le cran de se lancer et acheter sa première machine. Je me souviens lors de mon premier cabochon avoir passé plus de trois heures dessus, je voulais comprendre exactement la conséquence de mes mouvements.
L'apprentissage s'est passé en deux temps, la théorie et les diverses techniques de bases, puis la mise en place de tout ça derrière les machines. Les bases sont acquises rapidement, ensuite, c'est du perfectionnement constant. Les maîtres-mots de ce travail seraient selon moi, patience et précision.
Un de mes grand rêve serait de développer l'artisanat lapidaire encore et encore pour monter un atelier en France. Former et recruter de talentueux artisans pour tailler localement, en prônant une très haute qualité, avec les plus belles matières que la terre propose.
Quel est le temps nécessaire pour tailler un cabochon, de A à Z ?
Difficile à dire, il y a de nombreuses étapes, le temps est variable d'une pierre à l'autre.
La première étape est de choisir l'endroit du cabochon sur la pierre brute. Vous pouvez partir d'un morceau complètement rugueux et commencer par l'affiner sur des meules, ou couper des tranches dans un morceau rugueux à la scie.
L'idée sera de marquer avec un feutre la forme voulue sur ce brut ou sur votre tranche. Si vous taillez qu'un seul cabochon et que la tranche est déjà prête, ça ne prendra pas plus de 10 minutes pour scier la forme à la scie.
Lorsque la découpe à la scie est terminée, vous passez sur la machine principale où la majorité du travail se passe. Cette étape est la plus longue et, selon la taille de votre pièce, sa dureté et la forme, le temps variera du simple au double.
Sur cette machine, le travail effectué est complet et comporte 6 étapes avant le polissage final.
Le temps nécessaire pour tailler un cabochon en partant d'une tranche et jusqu'à son polissage final, prêt à être vendu, se situe entre 30 minutes, et jusqu'à 1h30 voir plus pour les pierres difficiles.
Quelle pierre conseilleriez-vous pour apprendre à tailler ?
Et bien pour commencer, le mieux à mon sens serait de tailler des agates ou des jaspes.
Ce sont des pierres très dures qui permettront de minimiser la marge d'erreur lors de la mise en forme et surtout de comprendre le fonctionnement des grains de nos roues. Avec ce type de pierre, l'accent est rapidement mis sur les griffes.
Une fois que ces bases sont ancrées, place aux pierres tendres. C'est avec ce type de pierres que la précision des mouvements va être mise à rude épreuve. La marge d'erreur est très faible sur les pierres tendres, le moindre faux mouvement peut ruiner la forme de votre cabochon et l'uniformité de votre dôme.
Ce sont deux extrêmes qui permettront ensuite de maîtriser votre matière quelle que soit sa dureté.
Quel est votre première machine?
J'ai commencé avec un tour incliné et des disques plats de la marque Hi-Tech Diamond, le « Slant Cabber ».
C'est une première machine sympathique pour s'initier à la taille pour un petit budget, elle est très compacte, les disques s'enlèvent et se changent en quelques secondes au fur et à mesure que la taille avance, mais elle est plus adaptée pour travailler et polir des surfaces plates.
Je me suis très vite rendu compte qu'avec ce type de machine, la précision de travail que je voulais faire n'allez pas me permettre d'être efficace et rentable.